COMME UN BATEAU FACE À LA MER

L'institut médico-éducatif La Mauresque, perché sur la côte rocheuse du Cap Gros à Port-Vendres, est une ancienne colonie de vacances créée à la Libération, dans un esprit humaniste, par l'architecte Félix Mercader. Pour sa réhabilitation, Bernard Cabanne et Michel Génis, architectes associés, se sont glissés dans l'esprit de l'architecte d'origine pour respecter au mieux sa volonté, l'histoire et la morphologie du lieu.

L'enjeu initial consistait à réhabiliter l'ensemble des bâtiments pour respecter les nouvelles normes. Mais les premières études de diagnostic ont révélé que l’accessibilité PMR et la sécurité des enfants ne pouvaient être assurées que par une recomposition générale des lieux et des parcours. Après concertation avec l'ensemble des acteurs, les architectes ont proposé de créer un bâtiment pivot pour reconfigurer le site en le resserrant sur sa partie basse, en regroupant les services administratifs et médico-sociaux dans le futur bâtiment, et en réarticulant l’ensemble des circulations et les différents espaces du site. Il a également fallu réorganiser les zones de chantier pour que l'activité de l'institut puisse se poursuivre sans gêne pour le personnel ni pour les enfants en fragilité psychologique scolarisés sur place.

Car c'était bien là le cœur de la réflexion. Comment distribuer les futurs usages en toute sécurité ? La réponse, née du dialogue et de la réflexion, paraît évidente a posteriori : en distribuant les lieux d'activités de plain-pied et le reste du bâtiment avec des coursives et des terrasses.

Côté sécurité, les coursives sont équipées de plus de 400 mètres de garde-corps GYPSE à 1,30 m et les fentes vitrées sont réduites. Ces coursives jouent aussi un double rôle en protégeant du soleil et du vent et en préservant une intimité à l'intérieur des salles. L'allégorie du bateau est venue de cette idée.

Le nouveau bâtiment est constitué d'éléments préfabriqués en béton qui portent de console à console. C'est une préférence des architectes qui travaillent les bâtiments en structures béton avec des façades légères, de type mur-rideau toute hauteur (150 m² de GEODE), pour éliminer les ponts thermiques. Mais en bord de mer, le béton doit être traité pour être résistant dans le temps. Les architectes ont donc préféré protéger le béton en le positionnant à l'intérieur des coursives, et habiller l'extérieur de cassettes aluminium TECHNAL. Car, comparé au bois ou à l'acier, l'aluminium a pour atouts sa légèreté et sa résistance à la corrosion marine, atouts incontournables pour les constructions en bord de mer soumises aux grands vents et aux embruns. L'aluminium, comme un manteau habillant les coursives, protège alors la structure.

Avec cet habit d'aluminium, le bâtiment a comme un toucher lisse et fluide, la douceur du matériau entrant en adéquation avec l'esprit du lieu et ses usagers. La métamorphose prend toute sa valeur quand le bâtiment capte les couleurs de l’environnement, flamboyantes au coucher du soleil ou ténébreuses aux ciels d’orages.